Dans un article récemment paru, j’ai appris que les famines qui ont décimées l’Irlande dans la deuxième moitié du 19 ème siècle auraient pu être évitées.
L’origine de ces famines vient de la destruction des récoltes de pommes de terre par le mildiou, une maladie cryptogamique inconnue jusqu’alors, et surtout de la perte de mémoire des paysans irlandais qui avaient oubliés que, dans le passé, ils pouvaient puiser dans la nature plantes et produits des arbres qui pouvaient les nourrir.
Alors quand j’ai découvert le livre d’Aurélie VALTAT, LA CUISINE DES ARBRES, j’ai foncé chez mon libraire favori.
Jusqu’à cette date la contribution des arbres à mon alimentation se limitait à la consommation en frais ou en conserve des fruits des arbres domestiques de mon verger.
Bien sûr il y avait quelques incursions autres dans le domaine des arbres, les châtaignes des bords de chemin de mon pays, les fleurs de mon tilleul pour les tisanes, les fleurs des acacias pour les beignets, les feuilles des cerisiers ou des noyers pour les liqueurs et cette année la sève de bouleau pour une cure de « jouvence ».
Aurélie VALTAT nous convie à aller plus loin en essayant, à travers la recherche d’une meilleure santé, du développement du goût, de la sensibilité écologique mais aussi de la recherche de coût moindre, de nous faire découvrir autre chose.
Mais indéniablement Aurélie VALTAT aime les arbres et aussi aime… nous surprendre. Il y a des choses étranges,les chatonettes de noisetier ou les chips de feuilles d’arbres par exemple… à chacun de choisir ce qui lui fait envie comme chacun choisit l’arbre ou les arbres qu’il préfère.
Alors je vous propose de découvrir ce livre. Si le mildiou attaque les pommes de terre, nous pourrons toujours manger des chips de feuilles d’arbres.
Peut-être pas le livre de chevet des grands cuisiniers mais plutôt une ode à la diversité et à la curiosité comme la vaste panoplie des arbres qui nous entourent.
Et enfin en ces périodes mornes, ça change de la morosité ambiante !!!!
Pour conclure, je ne peux résister à vous confier ma recette préférée : le guignolet des quarantes.
- un litre de vin rouge corsé, côte de Gascogne, Buzet ou Saint Mont
- quarante cerises rouges ou noires lavées dont on garde la moitié de la queue
- quarante feuilles de cerisier
- quarante morceaux de sucre normaux (ou l’équivalent en sucre cristalisé)
- un petit verre d’eau de vie à quarante degrés
- laver, égoutter, mélanger et mettre au frais à l’abri de la lumiére, idéal la cave
- laisser macérer quarante jours en mélangeant une fois par semaine jusqu’à absorption du sucre
- égoutter et mettre en bouteille en évitant soigneusement de mettre les « fonds » normaux à ce genre de production.
Simple, facile à retenir : vous épaterez vos amis.
Conseils :
Comme je vis dans le sud ouest, je privilégie les vins locaux, mais un petit Côte du Rhône peut très bien faire l’affaire.
Pour la quantité d ‘eau de vie il faut faire la régle de trois en fonction du degré d’alcool du vin en visant un résultat final entre 16 et 17 degrés. En-dessous, il y a risque de mauvaise conservation ; au-dessus cela a trop goût de « gnole ».
Une astuce : à la fin de la macération garder les cerises et conservez les au congélateur ; une base surprenante pour une forêt noire ou tout simplement dans une salade de fruits.
Jean-Marie Soulestin